DPE 2026 : l’étiquette ne fait pas la performance

Le DPE va changer. Encore. À partir du 1er janvier 2026, le mode de calcul du Diagnostic de Performance Énergétique sera ajusté, avec un abaissement du coefficient de conversion de l’électricité. Une bonne nouvelle pour certains propriétaires, un soulagement pour les logements injustement classés F ou G… mais aussi, peut-être, un signal politique ambigu, dans un contexte où le financement de la rénovation énergétique est lui-même mis en pause.

Le DPE, un outil devenu central… et instable

Depuis sa réforme en 2021, le DPE est devenu un véritable levier de transformation du parc immobilier. Il conditionne la mise en location, influence les prix, oriente les financements. Mais il est aussi devenu un instrument politique, modifié à plusieurs reprises, parfois dans l’urgence, souvent sans concertation suffisante.

Le changement prévu en 2026 – abaissement du coefficient de l’électricité de 2,3 à 1,9 – vise à mieux refléter le mix énergétique français, largement décarboné. Il permettra à environ 850 000 logements de sortir du statut de passoire thermique. Mais cette correction, aussi justifiée soit-elle, intervient à un moment troublant.

Un moratoire discret sur la rénovation énergétique

Depuis le printemps 2025, le gouvernement a ralenti le déploiement de MaPrimeRénov’, principale aide publique à la rénovation énergétique. Face à un afflux de demandes, à des fraudes croissantes, et à un risque de dépassement budgétaire, l’État a suspendu temporairement certains guichets et engagé une concertation pour revoir le dispositif.

Autrement dit : on assouplit les normes au moment même où l’on freine les moyens pour y répondre. Ce décalage envoie un message ambigu aux propriétaires : “Vous n’avez plus besoin de rénover tout de suite, votre DPE va s’améliorer tout seul.”

Une pause nécessaire… ou une fuite en avant ?

Ce changement du DPE peut être vu comme une mesure de transition, le temps de réorganiser les aides, de mieux encadrer les rénovations, de former les professionnels. Mais il ne faudrait pas qu’il devienne une nouvelle norme molle, qui décourage les efforts de fond.

Car la réalité physique des logements, elle, ne change pas : un appartement mal isolé reste inconfortable, énergivore, et vulnérable aux hausses de prix de l’énergie. Et dans un contexte de transition climatique, repousser les efforts revient à aggraver le problème.

Immobilier de prestige : entre soulagement et responsabilité

Dans l’immobilier haut de gamme, ce changement est accueilli avec pragmatisme. De nombreux biens chauffés à l’électricité, notamment dans les immeubles anciens parisiens, étaient injustement classés. Ils pourront désormais retrouver une valeur de marché plus conforme à leur réalité.

Mais chez Piano Nobile, nous sommes convaincus que nous ne devons pas nous contenter de ces ajustements réglementaires. Le confort, la valeur patrimoniale, et la responsabilité environnementale ne sont pas incompatibles. Bien au contraire.

Rénover sans trahir : combien ça coûte vraiment ?

Rénover un appartement ancien, c’est un art. Il ne s’agit pas de le standardiser, mais de l’adapter avec finesse. Et cela a un coût – souvent élevé, mais pas inaccessible si l’on raisonne intelligemment.

Voici quelques ordres de grandeur, basés sur des projets récents à Paris :

  • Appartement haussmannien de 120 m², chauffage électrique, simple vitrage : rénovation thermique légère (vitrages performants, isolation intérieure partielle, radiateurs à inertie, ventilation double flux) : entre 40 000 et 60 000 €. Gain DPE : de F à D.
  • Appartement de 80 m² dans un immeuble 1930, chauffage collectif au gaz : rénovation ciblée (isolation des murs pignons, changement des fenêtres, calorifugeage, régulation) : 25 000 à 35 000 €. Gain DPE : de E à C.
  • Pied-à-terre de 50 m² dans un immeuble ancien, chauffage individuel : rénovation complète avec pompe à chaleur air-air, isolation intérieure, menuiseries bois double vitrage : 30 000 à 45 000 €. Gain DPE : de G à C.

Ces investissements ne sont pas anodins, mais ils peuvent être pensés comme une revalorisation patrimoniale, au même titre qu’une cuisine haut de gamme ou une salle de bain en marbre.

DPE et valeur : un impact désormais mesurable

Les études convergent : un mauvais DPE pèse sur la valeur d’un bien. Selon les données de notaires et d’agences spécialisées, la décote peut atteindre :

  • 5 à 10 % pour un bien classé E
  • 10 à 15 % pour un bien classé F
  • Jusqu’à 20 % pour un bien classé G, même dans les quartiers les plus recherchés

À l’inverse, un bien ancien bien rénové, classé C ou mieux, peut bénéficier d’une prime verte de 5 à 10 %, notamment auprès d’une clientèle plus jeune, plus internationale, plus sensible aux enjeux environnementaux.

Continuer Paris

À nos yeux, la valeur d’un bien ne se mesure plus seulement à son architecture ou à son adresse, mais à sa capacité à s’inscrire dans son époque sans renier son histoire. Réconcilier exigence énergétique et exigence patrimoniale n’est pas un compromis : c’est une forme contemporaine de cohérence.

Paris, depuis deux siècles, a su se transformer sans se trahir. Elle a intégré l’électricité, le confort moderne, les réseaux, les usages nouveaux — tout en conservant ce qui fait sa beauté, sa lisibilité, sa singularité.

Rénover aujourd’hui, dans cette ville, c’est prolonger cette tradition : inscrire les exigences du présent dans les formes du passé, sans les effacer. C’est peut-être là le vrai luxe contemporain — celui d’un habitat qui ne cherche pas à être parfait, mais juste.

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